L' ESS, UNE ECONOMIE PLURIELLE PARTENAIRE DE L’ETAT DANS LA PRODUCTION DU SERVICE PUBLIC : CAS DES ASSOCIATIONS DE L’ENSEIGNEMENT PRESCOLAIRE AU MAROC
Mots-clés :
Economie sociale et solidaire, enseignement préscolaire, service public, combinaison des ressources, Etat socialRésumé
Dans un contexte de crise des finances publiques et face à la nécessité d'élargir le réseau des services de l'État, le gouvernement marocain a fait le choix de sous-traiter l'enseignement préscolaire (EPS) en partenariat avec des associations. Ces organisations de l'ESS pratiquent une économie plurielle pour créer la gratuité et ainsi réduire le coût de production du service afin d'en élargir l'accès. Ce travail, qui s'étend sur trois années, constitue une étude de cas des associations de l'EPS de la province de Larache au Maroc. Il met en lumière la combinaison des ressources (marchandes, réciprocitaires, redistributives) mobilisées par ces associations, ce qui permet de les positionner dans l'espace du triangle des intérêts économiques de B. Gui suivant l'intensité de leurs intérêts économiques. Du point de vue de la gouvernance publique, le choix de sous-traiter l'EPS indirectement à travers des associations se justifie par les gains réalisés sur le budget. La différence entre une gestion directe et une gestion déléguée à des associations est sans équivoque. La préscolarisation d'un enfant par l'État aurait représenté un coût unitaire trois à cinq fois plus élevé que celui observé dans le cadre d'une gestion déléguée aux associations. Ces économies offrent au gouvernement la possibilité de généraliser le service à un rythme plus soutenu. Ce résultat légitime la politique du gouvernement dans ce domaine. Néanmoins, cette option implique de confier le service à des personnels ne bénéficiant pas du statut de fonctionnaire, avec les conséquences que cela entraîne en termes de précarité d'emploi.